La mort du roi Tsongor – Laurent Gaudé

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« Tsongor, je veux te parler.
Je t’écoute répondit le roi.
C’est pour aujourd’hui, mon ami , dit Katabonga
La voix du porteur avait quelque chose d’étrange… » (page 13)

Enivré par la douceur mystérieusement dangereuse de ce quelque chose, emporté par la magie de la plume de Laurent Gaudé, le lecteur, impuissant acteur de cette violente romance, met ses pas dans ceux de Katabolonga, le fidèle ami assassin, et voit les ombres du malheur bientôt frapper Massaba en habit de fête. 
La mort du roi Tsongor cristallise le triangle passionnel entre sa fille, Samilia, et ses deux prétendants entraînant un déchaînement de passions tristes : haine, jalousie, que la prose poétique de l’auteur élève vers l’absolu : amour, don de soi.

« Personne ne vit que des hommes avaient pris place sur les collines du Nord. Que des hommes avaient établi un campement. Et qu’ils faisaient reposer leurs montures. Personne ne vit que des hommes étaient là qui observaient, immobiles, la ville dans ces derniers préparatifs. Ils étaient là. Sur les collines du Nord. Avec l’immobilité du malheur. » (page 23)

Bêtise de l’époque, les 1ère et 4ème de couverture placent inutilement le récit en Afrique. Rien dans le texte ne supporte cette affirmation réduisant le roman à une culture alors que sa force réside dans l’universalité du triangle une femme et deux prétendants. 

« J’ai connu moi aussi, plus d’une fois, la douleur de la perte. Je sais le voluptueux vertige qu’elle procure. Il faut te faire violence et déposer le masque de pleurs à tes pieds. Ne cède pas à l’orgueil de celui qui a tout perdu. » (page 121) 

Une proposition de lecture de Erwan Le C.

Relire Le soleil des Scorta sous le soleil brûlant des Pouilles. 

Actes Sud, 2002, lu en poche, Babel, 2005, 200 pages, 7,10€

Lectori salutem, Pikkendorff

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