Bernard Cerquiglini – La langue anglaise n’existe pas. C’est du français mal prononcé

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Si l’on doit à Georges Clémenceau le titre railleur de ce savant essai, c’est à l’auteur et à lui-seul que l’on doit la démonstration en moins de 200 pages que la Francophonie est née en Angleterre dans les années 1300 et que la puissance véritable de l’anglais, son prestige universel, sa valeur, son aptitude à traiter de tout, tiennent au recours passif à une langue particulière : le français.

L’Angleterre, cette colonie française qui a mal tournée, fut francisée entre 1066 et 1260 par les puissants Normands. La langue française est la langue des classes supérieures : littérature, poésie. 
Après la perte de la Normandie par la couronne d’Angleterre, la langue française reste une deuxième langue pendant deux siècles dans le commerce, la justice, l’administration, la communication ; elle est la langue d’innombrables métiers jusqu’à ce que l’anglais s’impose face à un français perdant lentement ses privilèges entre le XVème et la fin du XVIème siècle. 

Ces 400 ans de bilinguisme ont pourvu l’anglais d’une dualité de mots venant du saxon et du français pour exprimer la même chose mais dans des registres différents : Ox / beef, calf / veal, pig / pork. La gallomanie au XVIIIème siècle a encore importé des mots de la langue française, au point que Daniel Defoe, en 1708, s’insurge contre le recours aux mots étrangers sans se rendre compte qu’il use de 12 vocables issus du français en italique dans le texte : 
« I cannot but think the the using and introducing of foreign terms of art or foreign words into speech while our langage labours under no penury or scarcity of words is an intolerable grievance. » In Essay upon Projects

L’anglais est une visite du français au Moyen-Âge, un musée des antiquités de notre ancienne langue avec ses particularismes normands que l’on retrouve en Picardie. Origine des mots, structure grammaticale, richesse de vocabulaire, histoire des langues, dérives sémantiques des prononciation, la science linguistique avec plus de 350 mots étudiés permet d’affirmer que l’anglais est un laboratoire de la conservation de la langue française !

Pour approfondir est proposée une bibliographie de 18 titres dont le dictionnaire Anglo-Normand Dictionary proposant cette significative incise :
« Anglo-Norman has contributed massively to the present-day English language. No matter what you say or read in English, however ‘modern’, the legacy of Anglo-Norman is everywhere. And across the globe, wherever the English language has gone, it has taken Anglo-Norman influences with it.» David Trotter, (1957-2015)

Interview sur Sur TV5 Monde en avril 2024

A lire, à partager, à conserver

Folio, essais, février 2024, 196 pages, 7,80 de mauvaise foi tout à fait argumentée

Lectori salutem, Pikkendorff

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