Frère Robert O.S.B – Bernanos maître spirituel

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« L’expérience m’a prouvé trop tard, qu’on ne saurait expliquer les êtres par leurs vices, mais au contraire par ce qu’ils ont gardé d’intact, de pur, parce qui reste en eux de l’enfance, si profond qu’il faille le chercher. » Lettre aux Anglais, EC2, page 68. 

Un cadeau tombé du ciel ! Thèmes après thème, page après page, alors que l’auteur déroule sa conférence sur la pensée spirituel de Georges Bernanos, le lecteur insensiblement se dédouble et découvre son humanité et sa spiritualité cachées sous les oripeaux de la société techno-marchande, sous le diktat des chiffres, de la machine, de l’injustice et du bruit. Il ne lui restera qu’à répondre à l’appel de l’esprit, car s’il ne dépend pas de nous d’être appelé, il dépend de nous de répondre à l’appel.….

Nous vous présentons ci-dessous différentes citations contenues dans chacun des thèmes : le don de vocation, L’homme à l’image de Dieu, L’enfance retrouvée, L’inflexible espérance, La grâce de la prière, Le combat spirituel, Le doux miracle de la charité, L’aventure de la sainteté, Le mystère de l’Église


le don de vocation 

« Il ne dépend pas de nous d’être appelé, mais il dépend de nous de répondre à l’appel. » Lettre aux Anglais, EC2, page 9

« Notre Maison n’est pas une Maison de Paix, M., c’est une Maison de prière. Les personnes consacrée à Dieu ne se réunissent pas entre elles pour jouir de la paix, elles tâchent de la mériter pour les autres… On n’a pas le temps de jouir, de ce qu’on donne… » Dialogue des Carmélites, EOR2, page 811

L’homme à l’image de Dieu

« Ainsi, le progrès n’est plus dans l’homme, il est dans la technique, dans le perfectionnement des méthodes capables de permettre une utilisation chaque jour plus efficace du matériel matériel humain. » La France contre les robots, EC1, page 981-982

« Mais que vous servirait de fabriquer la vie même, si vous avez perdu le sens de la vie. »  Journal d’un curé de campagne, OER2, page 205

L’enfance retrouvée

« Le vent souffle où il veut, et tu entends sa voix, mais tu ne sais pas d’où il vient ni où il va. Ainsi, en est-il de quiconque est né de l’esprit. » (Jn, 3, 8)

L’inflexible espérance

« Si nous pouvions disposer de quelque moyen de détecter l’espérance, comme le sourcier découvre l’eau souterraine, c’est en approchant des pauvres, et non des riches, que nous verrions se tordre entre nos doigts la baguette du coudrier. » Vie de Jésus, septembre 1943, EC2, pagesEC, deux, page 876–877. Bonsoir M., bon Mme 876–877

La grâce de la prière

« La trilogie des premiers romans de Bernanos nous offre un panorama complet des étapes de la vie spirituelle, à travers le cheminement de l’Abbé Donissan (Sous le soleil de Satan) puis celui de Chantal de Clergerie (L’Imposture et La Joie). » (pages 158 – 159)

« Tu ne pries pas assez. Tu souffres trop pour ce que tu pries, voilà mon idée. Il faut se nourrir à proportion de ses fatigues et la prière doit être à la mesure de nos peines. » Journal d’un curé de campagne, OER2, page 348–349. 

Loin de se réfugier dans la méditation pour fuir les remous du siècle, l’homme de prière est placé aux avant-postes de la lutte entre la grâce et le péché. Car si la prière est par elle-même un combat contre l’aridité et les ténèbres, elle se trouve encore confrontée au mal qui se présente à elle du dehors sous deux formes particulières : l’injustice et le bruit. Page 168-169

« Le monde attend de nous – j’ai honte de le dire–, le monde attend de nous malgré tout –pardonnez-moi d’oser l’écrire –, le monde, épouvanté par les robots, par la menace prochaine, d’une dictature capitaliste ou marxiste des robots, attend de nous – mon dieu, dois-je l’écrire, ne ferais-je pas rire de moi ?… –, le monde attend de nous la restauration universelle de l’esprit par la plus grande révolution de tous les temps. »
Français, si vous saviez…, 
EC2, page 1091.

Le combat spirituel, présence de Satan

« Le Malin trompera d’autres âmes, plus intellectuelles, en les incitant à raisonner sans fin, à multiplier les arguments pour se convaincre qu’elles ont raison contre tous, « à discuter éternellement avec soi-même, comme doivent faire les pauvres damnés dans l’enfer, avec le plus grand des logiciens, qui s’appelle le diable ». Une logique implacable n’a plus rien d’humain, elle devient proprement infernale. Sous couvert de défense de la vérité absolue, elle annihile en l’homme la poésie et l’intuition, la compassion et la contemplation, l’ouverture au mystère de Dieu et à celui de la création. » (Page 183 et entre guillemets Lettre à André Chareyre, avril 1936)

« La plus belle des ruses du diable est de vous persuader qu’il n’existe pas. » Charles Baudelaire, le joueur généreux, petit poème en prose chez Garnier-Flammarion ,1967, page 113
« Le mal n’est ni une force aveugle de la nature, ni seulement le fait de la malice des hommes. Il faut remonter plus haut et affirmer qu’une créature dévoyée personnifie le mal, le suscite chez les créatures raisonnables et l’ordonne à un dessein bien d’arrêté. Son objectif est d’entraîner les hommes à sa suite dans la chute. Et pour ce faire, il s’exerce à prendre le contre-pied du mystère, de l’incarnation et à défaire l’œuvre de la création : » (page 178)
« Je me dis parfois que Satan, qui cherche à s’emparer de la pensée de Dieu, non, seulement la hait sans la comprendre, mais la comprend à rebours. Il remonte à son insu le courant de la vie au lieu de le descendre et s’épuise en tentatives absurdes, effrayantes pour refaire, en sens contraire, tout l’effort de la Création. » Journal d’un curé de campagne, OE2, page 247
« Qu’est-ce à dire ? Le démon substitue un ordre à un autre, faussant les plus hautes valeurs et travestissant le mal sous la livrée de biens apparents. Ainsi, l’obéissance devient soumission servile aux pouvoirs établis – qu’ils soient politiques ou ecclésiastiques –, l’ordre social sert de prétexte à l’exploitation des pauvres, la résignation se mue en lâcheté, la piété devient hypocrisie, la foi n’est plus qu’un vernis identitaire ou une garantie de salut à moindre frais. Bref, dans un monde où la liberté et l’honneur ont fait place à la soumission aveugle et à la lâcheté, « jamais le Mal n’a eu d’occasion meilleure de feindre accomplir les œuvres du Bien. Jamais le Diable n’a mieux mérité le nom que lui donnait déjà Saint Jérôme, celui de singe de Dieu. » page 178 et Liberté pourquoi faire, EC2, p 1260

Le doux miracle de la charité

« L’expérience m’a prouvé trop tard, qu’on ne saurait expliquer les êtres par leurs vices, mais au contraire par ce qu’ils ont gardé d’intact, de pur, parce qui reste en eux de l’enfance, si profond qu’il faille le chercher. » Lettre aux Anglais, EC2, page 68. 

L’aventure de la sainteté

« Il y a des millions de saints dans le monde, connus de Dieu seul. Ces êtres qui passent inaperçus et ne reçoivent aucune reconnaissance de l’institution ecclésiale – ils s’en moquent bien d’ailleurs – sont comme le cœur brûlant de l’église. Par leur prière et leur vie offerte au jour le jour, ils soulèvent le monde et influent de l’intérieur sur le Corps Mystique de Jésus-Christ. » (page 264)

« La conscience catholique s’est formée dans le silence et la solitude des vies cachées, elle s’enrichit sans cesse des méditations, des sacrifices et des prières de milliers d’êtres obscurs dont le nom est connu de Dieu seul, et qui gardent toutes ces choses dans leur cœur, comme il est dit dans l’Évangile de la Vierge Marie, leur indicible modèle. » Le chemin de la Croix-des-Âmes, EC2, page, 251 

Deux extraits de la préface très inspirée de Sébastien Lapaque

«La transformation des fins en moyen et l’oblitération de l’homme implique la mise en œuvre systématique de méthodes nouvelles jugées à l’aune de leur seule efficacité. Les folles promesses de cette recherche des moyens les plus efficaces en toute chose sont aujourd’hui sans nombre : fin de la pauvreté, éradication de la souffrance, accumulation illimitée, mort de la mort, etc. La magie désespérée de la Technique jure même qu’elle accomplira un jour la séparation de notre corps avec le temps. Et pourquoi pas la sainteté sans prière et sans amour, comme nous le donnent à voir tant de héros du sport et du cinéma « canonisés » par l’économie spectaculaire-marchande ? » (page 12)
Note : la première phrase est légèrement modifiée pour la rendre indépendante du paragraphe dont elle était dépendante. 

« Dans un monde atrocement individualiste, plein de gens qui cherchent désespérément les clés pour habiter en « frère tous ensemble », comme le psaume 132, que les bénédictin chantent chaque mardi aux vêpres, la Règle conserve pour la suite des siècles une anthropologie fondamentale dont l’actualité est frappante. Gardienne de l’héritage universel de la dignitas hominis à l’âge de « l’obsolescence de l’homme », elle redonne aux pauvres modernes l’ardeur de vivre et leur fait regretter de ne pas avoir commencé plutôt. Car la Règle est une immense école de vie intérieure, cette vie qui nous fait défaut . » (page 14)

In préface de Sébastien Lapaque, Abbaye Saint-Wandrille, 24 décembre 2022, Vigile de la Nativité

Références :

  • EC1 : Essais et écrits de combats, Tome 1, La Pléiade, Gallimard 1988
  • EC2 : Essais et écrits de combats, Tome 2, La Pléiade, Gallimard 1995
  • OER1 : Oeuvres romanesques complètes, T 1, La Pléiade, Gallimard 2015
  • OER2 : Oeuvres romanesques complètes, T 2, suivies du Dialogue des Carmélites, La Pléiade, Gallimard 2015

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Lectori salutem, Pikkendorff

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