Robert Brasillach (1909- 1945) – Le Voleur d’étincelles –

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Critique de la vie moderne, de la vie urbaine où chacun, séparé de sa tribu originelle, des liens du sang, de l’histoire longue, se recréé une famille, une tribu avec d’autres solitudes affectives. Qui ne ressemble pas à ce jeune trentenaire, célibataire, entouré de quelques amis habillant sa solitude de sorties et de jeux. Une rupture l’amène chez une tante, à Collioure, ‘’ronde et parfaite, la ville brille doucement autour du cercle d’eau qu’elle emprisonne. Il sait qu’on ne la connait bien que d’une barque immobile à son centre géographique. Pays saignant pareil à une orange des Baléares, rouge et jaune, riche des cassures des terrains éventrés, de l’éclat bleu des silex fendus, opulent pays baigné d’huile, beau pays mouvant, balancé entre la mer et le ciel. Seule a plus de beauté la côte rouge de l’Esterel. Rien n’est plus vrai, alors, hors ce calme surnaturel qui s’amasse au centre même de Collioure cette mer éclatante et pâle, et la présence vivante du bonheur.’’

Page après page, il se retrouve en découvrant le temps long, son histoire familiale, ‘’le chœur bas et puissant des bêtes de la famille, couchées en rond ou assises autour du feu de la jungle primitive est une seule voix où l’on n’a pas à faire de partage. La voix du sang.[…] Il tendait les mains à ce feu dont il avait été longtemps exilé, ne demandant que l’aumône de quelques étincelles.’’

Ce roman métaphysique de jeunesse édité en 32 juste après Présence de Virgile, témoigne une fois encore de sa force d’évocation poétique.

Tout au long des 250 pages, la puissance de l’écriture rend présentes les odeurs, couleurs et lumières soulignant les liens entre la Nature et la famille, la tribu.

‘’Il ne demandait rien à cette nuit, ou à d’autres nuits ses sœurs que ce qu’il eut demandé, en été, à la mer. Et c’était la même douceur mêlée de force.’’

‘’La belle nuit terminait sa tâche la plus importante, faisait disparaître de l’horizon les moindres salissures de jour. Active ménagère, elle balayait les poussières du crépuscule, suspendait déjà au-dessous de l’horizon ses décorations traditionnelle, et songeait aux plaisirs promis aux poètes, disposant Bérénice pour Catulle, les Pléiades pour Ronsard, Vénus pour Musset, Arcturus pour Hugo, Bételgeuse presque invisible pour Supervielle.’’

Cette œuvre politique et métaphysique ne saura vous laisser indifférent.

Lectori salutem, Patrick

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