Jean-Jacques ANTIER – Charles de Foucauld

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« Alors, vous allez faire un Foucauld de plus ? » Avec 65 biographies sans compter les thèses, les films et autres ouvrages s’y rapportant, la question semble pertinente. Au milieu d’une documentation impressionnante avec sept mille lettres et douze mille pages d’écrits spirituels et profanes, Jean-Jacques ANTIER a su faire émerger la fraicheur, la simplicité, la vivacité évangélique à travers sa vie romanesque.

Tout au long du livre, deux histoires en un astucieux miroir, celle de la dernière journée de frère Charles le 1er Décembre 1916 et celle de sa Vie. La vie du Vicomte Charles de Foucauld, lieutenant au 4ème chasseur d’Afrique, français, alsacien, latiniste, helléniste, dernier parmi les derniers.

Explorateur du Maroc, il fut le premier à s’enfoncer dans les Atlas en Juin 1883 travesti en juif sans escorte notant sur un carnet de 5cm2 ses impressions du jour. Onze mois de randonnée pédestre qui permit des 700 km de piste connus d’en cartographier 2 690 km ! 3 000 côtes d’altitudes, 135 dessins, 20 cartes. Une référence.

Pour sa vie évangélique laissons la parole Général Lyautey en Janvier 1905“Il y avait là quelques Arabes, venus non pour se convertir, le père s’abstenait rigoureusement de toute pression directe à cet égard, mais attirés par sa sainteté. Et devant cet autel qui n’était qu’une étable de bois blanc, devant ces vêtements sacerdotaux d’étoffe grossière et ces chandeliers en étain, devant toute cette misère, mais aussi devant ce prêtre en extase offrant le sacrifice avec une ferveur qui emplissait le lieu de lumière et de foi, nous éprouvâmes tous une émotion religieuse, un sentiment de grandeur que nous n’avions jamais ressentis au même degré dans les cathédrales les plus somptueuses, en face de la pompe des offices solennels. Par-delà les humbles murs de terre, au-delà de ces quelques musulmans venus spontanément s’associer à sa prière, c’était la vision de l’immensité saharienne, de ce Sahara dont les sables venaient, comme des vagues, battre le seuil de la chapelle, et sur lequel il régnait vraiment par la force de cette prière.”

C’est aussi un livre d’Histoire où vous est conté, du Maroc et l’Algérie jusqu’au Soudan, Mali ou la Tripolitaine, les relations quadripartites entre les puissances européennes et mahométanes, les puissances locales telles les tribus Berbères ou Touaregs, et les populations esclaves comme les Haratins. Relation de puissance, de conquête, de mœurs, d’envie, de politique, d’hommes surtout.

C’est un livre sur le désert, sur le Sahara, sur ces immensités ineffables et incommensurables. Un livre sur la relation de l’homme et du désert.

C’est un livre sur la puissance qu’octroie paradoxalement la faiblesse et de l’abandon de soi.

C’est surtout un livre puissant porteur d’un souffle, d’un rythme qui s’impose sans effort à vous. Après quelques pages vous pensez, respirez, habitez à Tamanrasset, Beni-Abbès au début du XXème siècle.

Ouvrez et vous serez servis.

Lectori salutem, Pikkendorff

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