Jean DIWO – Les Dames du Faubourg

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Boulle posa son bronze, regarda Rosine et s’écria : Eh, oui ! l’histoire du meuble, c’est avant tout le Faubourg où sur les mêmes établis, en utilisant les mêmes outils, des hommes venus de partout sont passés en deux siècles du banc de chêne au fauteuil garni de velours de Gênes, du coffre laid et sombre à la commode enrichie de bronze doré et du sinistre panneau à serviette à l’élégante et voluptueuse marqueterie. Et voilà que dans cette longue marche, je me sens moi-même dépassé.”

L’histoire commence en 1467 lorsque Louis XI accorde la liberté aux artisans du meuble du faubourg Saint Antoine placé sous la protection et l’autorité de l’Abbaye Saint Antoine des champs. Fin politique Louis XI affaiblissait ainsi les puissantes jurandes, corporations. Libérés des règlements tatillons nous suivrons au fil des 670 pages, depuis le milieu du XVème jusqu’à la veille de la révolution française, les générations d’artisans depuis les Cottion et les Thirions suivis par les Habermann jusqu’aux célèbres Charles Cres, André-Charles Boulle, Laurent Stabre, Jean-François Oeben…

Le faubourg, de la place du Trône (place de la Nation) à la Bastille, adossé à l’Abbaye, a su, grâce l’autorité des Abbesses (les Dames du faubourg), aux talents d’artisans de génies et au soutien de femmes de tête, tirer parti des modes inspirées par le Quatrocento Italien et la dynamique Hollande et devenir avec le Grand siècle le centre de l’innovation et de la mode. Il devint le pays du meuble attirant des talents de toute l’Europe, puis au XVIIIème une classe ouvrière désespérée par les disettes des années 1780 transformant en poudrière un quartier prospère.

La création du meuble au fil de trois siècles est passionnante car directement liée à l’évolution de la société, de ses besoins, de ses références. Il fallut le génie de Boulle pour passer du coffre à la commode. Que de nouveautés depuis le simple decorum à l’armoire, le cabinet, le bureau, la table de salle à manger, le fauteuil et les meubles à mécanisme du XVIIIème.

Les évènements extérieurs sont cités pour autant qu’ils aient un impact sur la vie du Faubourg. L’on pourrait citer entres autres les guerres de religions du XVIème car de nombreux talents arrivèrent de pays réformés, la fronde du XVIIème car la bataille eut lieu aux portes même du Faubourg, les révolutions intellectuelles et sociale du XVIIIème puisque c’est ici qu’eurent lieu les premières révoltes.

Remercions le talent de Jean Diwo distillant son érudition avec simplicité et transformant un cours d’histoire en roman vivant. Ce livre est à mettre en toutes les mains, y compris les jeunes gens qui trouveront matière à comprendre l’histoire faites d’hommes et de femmes.

L’art changeait, la mode évoluait, l’imprimerie bouleversait les idées d’un monde neuf mais l’Université, le Parlement et l’Eglise s’acharnaient à vouloir faire vivre les hommes comme au temps des premières cathédrales.

Merci à mon amie, Véronique, de la découverte et du prêt de cet ouvrage.

Lectori salutem, Nathan

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